11/08/2012

Les perles de verre: Hier et aujourd'hui...

Dans l'Occident médiéval, Venise fut le plus grand centre verrier, dont les produits furent bientôt imités dans toute l'Europe.  Les toutes premières perles de verre cherchaient surtout à imiter à moindre coût les pierres semi-précieuses des grains des rosaires et des chapelets.  

Mais les grands voyages d'exploration vont vite ouvrir de nouveaux débouchés, et le nom de "perles de Venise" sera associé aux tonnes de verroterie utilisées pour le troc et, hélas,  pour le commerce des esclaves...


En 1292, en raison des risques d'incendie qu'ils faisaient courir à la Cité des Doges, les fourneaux des maîtres verriers furent transférés un peu plus loin dans la Lagune, sur l'île de Murano, qui est toujours le principal centre du verre soufflé à la bouche.

Les perles de verre seront alors un terrain fécond d'expérimentation dans le domaine de la couleur et de la texture: par l'ajout d'oxydes qui colorent la pâte vitreuse, de sels métalliques qui y déposent des paillettes scintillantes, les verres de Murano apparaissent comme de nouveaux joyaux. Maniant leur canne avec une virtuosité inégalée, les maîtres verriers réussissent à amalgamer à la masse en fusion d'autres fragments de verre diversement colorés, créant un effet de mosaïque ou de kaléidoscope.

Les perles en tube:
Traditionnellement,  les perles étaient soufflées comme des bulles, ou bien l'on déposait une goutte de verre en fusion sur une forme sphérique en argile, éliminée ensuite.  Or, cette technique convenant aux pièces uniques ne permettait pas de faire face à une forte demande.

Afin de concilier art et productivité, les verriers étirent leur pâte en un long tube très mince, segmenté ensuite transversalement.  Même ainsi, une perle soufflée à la bouche se reconnaît toujours à son trou, beaucoup plus gros que ceux des perles de verre moulées, sur lesquelles subsiste en outre une petite ligne en relief, là où les deux parties du moule se rejoignaient.

Au début du XIXème siècle, mille tonnes de perles vont partir de Venise chaque année !

A côté de cette production de masse, les verriers produisirent aussi des pièces uniques, comme les perles murrine, qu'ils prétendaient inspirées des fameux vases murrhins (ou myrrhins) de l'Antiquité, mentionnés par Pline et au sujet desquels les archéologues en sont réduits aux conjectures: selon les uns, il pourrait s'agir de porcelaines de Chine; selon les autres, ce serait une sorte de verre flammé...

Quoi qu'il en soit, les murrine de Murano, fort recherchées des collectionneurs, sont de petits chefs-d'oeuvre: richesse des coloris et éclat de l'émail, dans la masse et non en simple revêtement...

Les aventurines:
Au XVIIème  siècle, Murano était également réputé pour ses aventurines, superbes pièces de verre pailletées de cuivre qui transparaît comme une poudre d'or. Il faut remarquer qu'ici c'est peut-être le verre qui a donné son nom à la pierre du même nom (une variété de quartz renfermant de scintillantes particules de mica), qui n'a été répertoriée que plus tard.

Source: G. Cristanini et W. Strabello, "Bijoux et décors en perles", éd. La Margelle

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